Potosi – La mine!

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DSC09344 (640x480)Ah un réveil dans la chaleur ! Belle invention le chauffage ! Bon que l’on ne s’y trompe pas nous sommes à plus de 4000 mètres et en hiver alors dehors ce n’est pas la même ! Zou petit déjeuner et nous sommes parées pour partir en exploration. Un mineur passe nous prendre, dans le fourgon une bolivienne et une américaine sont déjà là et nous serons donc quatre pour la visite. Premier arrêt destiné à l’achat des cadeaux pour les mineurs, nous opterons pour un bâton de dynamite avec son détonateur et sa poudre d’accélération (si quelqu’un a un truc à faire sauter, passez commande ! 2€ seulement le kit !), un paquet de feuille de coca et une bouteille de soda (non nous ne prendrons pas la bouteille d’alcool à 96° !, franchement juste le fait de tremper les lèvres et vous sentez l’alcool descendre puis exploser dans votre estomac !). Une escale dans un hangar et nous voilà équipées de bottes, protection vestimentaire, casque muni e sa lampe frontale! La première escale sera dédiée à la visite d’une des usines de séparation des minerais par procédé de trempage et de produits chimiques ! (pour la protection des habitants les déchets sont rejetés dans une lagune à 8km ! Je ne suis pas spécialiste, mais pas certaine que la nature se soucie de cette distance !). Nous y voilà, on croise un mineur qui termine pour aujourd’hui et se contentera de 400 kg d’extraction de minerai ! Il pousse sa brouette de 200Kg chargés dans des sacs et derrière son masque de fatigue, on lui donnerait au moins quarante ans, alors que son organisme n’en compte que vingt-quatre ! Nous poursuivons notre avancée dans les entrailles de cette montagne autrefois qualifiée de mangeuse d’hommes tellement de drames ont eu lieu ici (Plus de 110 000 morts ont permis de dorer le blason espagnol !) Soit la population actuelle de Potosi. A présent 10000 mineurs travaillent encore ici et on compte un à trois morts par mois par accident. 60% de cette population décèdera des suites de la maladie des mineurs vers 50 ou 60 ans (âge qui semble la limite d’espérance de vie). Cette montagne de par son histoire vient d’être classée au Patrimoine de L’Unesco ! Résultat la mine va fermer en 2017 ! Mais les mineurs sont déterminés à descendre à la capitale munis d’explosif si cet ultimatum demeure ! En effet, la majorité est illettrée et considère que seul ce travail leur permet de gagner autant d’argent pour veiller sur leur famille et pouvoir envoyer leurs enfants à l’école ! De plus ils appréhendent ces travaux de forçat comme une chance de pouvoir gagner à la loterie si enfin ils tombent sur le filon qui va leur permettre de mettre à l’abri toute la famille en laissant les autres travailler pour eux ! C’est le cas pour un bon nombre à observer le parc automobile de 4X4 rutilants et détonants avec la majorité des voitures d’ici, style contrôle technique périmé depuis vingt ans ! Nous poursuivons notre avancée tantôt style quatre pattes, la tête de côté, accroupies pataugeant dans la boue en tentant de conserver les bottes aux pieds ! Les trois kilomètres de souterrain à croiser des intersections, grimper des échelles, observer des couleurs d’oxydation surprenantes (rouge, jaune, verte, bleu !) nous ont emmené à 4540 mètres ! C’est-à-dire que le souffle n’a pas trop suivi et que les inspirations pour tenter de trouver plus d’air n’ont pas été une réussite lorsque cela nous a permis d’inspirer des vapeurs de souffre ! Du coup la pause devant le Tio, le dieu de la mine (en Inca la lettre D n’existe pas, d’où Tio au lieu de Dio(s)), en érection pour symboliser la fertilité de la mine, a été la bienvenue même si c’est à cet endroit que notre mineur nous a livré des « confidences » sur les coutumes encore présentent aujourd’hui ! Alors accrochez-vous ! Il a commencé par nous raconter la consommation d’alcool à 96° toujours en vigueur et responsable du manque d’ouvriers dans la mine aujourd’hui samedi de fin de mois ! Ensuite les étapes pour devenir mineur d’une coopérative qui prend en charge vos soins de santé (3 ans de dure labeur quasi gratuitement pendant deux ans avant de passer devant un jury qui décide si oui ou non vous intégrez la coopérative, moyennant un droit d’entrée ! Une journée de mineur c’est 10H dont la première heure et la sixième servent à mastiquer de la coca pour prendre de l’énergie et couper la faim). Arrive le plus incroyable mais vrai ! La coutume et surtout les croyances des mineurs qui perdurent depuis des générations est de réaliser des sacrifices de lamas (autrefois d’hommes) à l’entrée de la mine afin que le sang qui recouvre le « plafond » protège les hommes. Tous les ans c’est l’occasion d’une grande fête où les familles des mineurs sont conviées ensuite à manger les lamas ainsi sacrifiés ! Jusqu’ici ça va ! Et notre mineur commence à nous raconter que le plus riche des mineurs (possédant une équipe de mineurs travaillant pour lui, un hôtel, une station de taxis et des restaurants à Potosi) ne se contente pas de lamas mais fait disparaitre deux de ces mineurs tous les ans ! Ok je suis comme vous et met un bémol à ce récit ! Mais je demande à La Bolivienne ce qu’elle en pense ! et là !!!, elle me confie avoir été comme moi lorsque sa famille lui parlait de ces pratiques toujours en vigueur dans le pays et faisant l’objet de non-dit tellement le choix entre la loi et les croyances est encore difficile ici. Mais qu’à présent elle sait que c’est vrai ! Alors méfiance aux fêtards de La Paz ! Il semblerait que les jours de certaines fêtes importante, les bourrés de la ville disparaissent dans un silence de connivence de la majorité de la population ! Son frère lui a également certifié que de nombreux sacrifices humains perduraient dans des lieux tenus secret en montagne ! Bon alors moralité pas de cuite pour moi à La Paz et pas d’exploration seule en montagne !

A l’issue de cette expérience minière, un déjeuner dans les rues toujours grimpantes de Potosi et hop dans un taxi partagé pour Sucre où Virginie et Jean-Aymeric nous attendaient au consulat de France ! Hé oui Christophe, le consul loue des chambres dans sa magnifique demeure coloniale ! Il cumule les fonctions et va également nous organiser notre trek dans les alentours ! Pour demain ce sera bus à l’aube pour rejoindre Tarabuco et son marché local !

Bizh à tous

Bonne journée

2 thoughts on “Potosi – La mine!

  1. Bon ! Vous sortez de cet endroit et vous vous éloignez loin loin ! Des belles Bretonnes ce serait peut-être encore mieux que des lamas ou des hommes…
    C’est normal que je ne vois plus votre périple sur FB ??? Donc je ne peux plus « partager »…
    Pas d’imprudences surtout (Isabelle je parle pour vous DEUX !)…
    Gros bisous

  2. Eh bien!! Voila une journee qui restera dans les annales…. J’en ai froid dans le dos!

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