Le Parc Tayrona se trouve sur la mer des Caraïbes et la chaîne de montagnes appelée Sierra Nevada de Santa Marta. Cette réserve naturelle a été déclarée Patrimoine Naturel de l’Humanité par l’Unesco. Quinze mille de ses hectares sont protégés.
Nos cinq jours pourraient se résumer à des palmiers à perte de vue, une eau cristalline, des nuances de verts impressionnants, des marches au cœur de ce décor exotique et de jolis poissons à observer. Mais à ce tableau idyllique empreint de chaleur viennent se mêler nos petites aventures personnelles et les caprices de la météo.
Jour 1
Fièrement équipées de notre nouveau petit sac à dos et de nos hamacs tout neufs, nous pénétrons dans le parc en début d’après-midi. Un tout petit serpent est entrain d’engloutir un lézard histoire de nous rappeler que, oui, nous sommes bien dans la jungle tropicale. Le sentier arboré longe une côte magnifique, les nuages sont de la partie et il nous faudra attendre le lendemain pour pouvoir s’extasier sur les couleurs de l’endroit. Bon ça commence, on a oublié de s’arrêter à la banque ; il va donc falloir se la jouer serré dans ce parc où tout coûte le triple que dans la rue pour pouvoir tenir les cinq jours prévus. Direction un des premiers campings annoncé économique. Bonjour nous avons nos hamacs , hé oui ça coûte moins cher. Vous souhaitez un toit ou pas ? On regarde le ciel et ok pour la version couverte. C’est parti pour l’installation. Alors, comme Jean-Jacques nous a expliqué les nœuds avant le départ, cela a l’air de fonctionner pour Martine mais pour moi c’est que j’accepte l’aide de notre petit voisin pour l’accrochage. Direction la lagune qui nous fait face pour découvrir notre environnement de proximité, c’est superbe. Un peu plus loin on repère quelques vendeurs de ceviche (poissons crus et crevettes marinés) parfait pour demain. Retour au camping, à présent que tout le monde est installé on mesure à quel point l’endroit s’apparente davantage à un camp de réfugiés qu’à un lieu de repos dans un cadre idyllique. Une douche pourrie pour tout le monde et un toilette du même acabit. Bon c’est sûr demain on déménage. On se partage un plat du restaurant du camping et direction le hamac. Et bien première nuit parfaite c’est super confortable. Seul hic c’est que nous sommes à proximité du point de ralliement du personnel et c’est donc bercées par la musique colombienne, les effluves de marijuana et la fumée du feu de leur cuisine que nous allons passer la nuit.
Jour 2 et 3
Je me lève de bonne heure pour pouvoir accéder aux toilettes pourries sans avoir besoin de faire la queue et je pars à la mer me disant que, même si la baignade est interdite, ici je dois pouvoir me tremper. Hop hop hop je passe la lagune et fais face à la mer. « Oh, pardon, faites faites… vous étiez là en premier. » Je comprends à présent l’interdiction de baignade et je suis entrain de m’adresser à un caïman de trois mètres cinquante de long. Bon je retourne vers les hamacs où Martine, pressée de quitter l’endroit, a déjà tout plié. Allez direction el Cabo où se trouve le plus beau camping à une petite heure de marche. Ah oui cela change tout, l’endroit est très peuplé mais ultra propre et fait face à une splendide plage sans caïman. Génial ! Les nuages toujours présents nous encouragent à effectuer la randonnée jusqu’à Pueblito. Il s’agit d’un village d’indiens Kogi toujours habité et construit sur des vestiges précolombiens. La plupart de la nature environnante est interdite d’accès car cette terre est considérée comme sacrée. Difficile également de photographier car certains indiens pensent toujours que la photo vole l’âme. Ok je vais respecter.
La petite randonnée de deux heures s’apparente à un parcours du combattant, ça grimpe dur en mode escalade. Nuages certes mais cela ne perturbe ni l’atmosphère humide, ni la chaleur. C’est à l’issue de cette grimpette que nous prenons la décision d’annuler le trek de la cité perdue pour éviter qu’il se transforme en Martine perdue. Visiblement son cœur , la chaleur et les efforts soutenus ne font plus bon ménage. Voilà les premières terrasses qui apparaissent en même temps qu’un vieil indien au loin. On s’approche, je dis bonjour et il commence à m’adresser la parole. Les effluves d’alcool et sa diction sont sans appel, il est complètement bourré. Il commence par me trouver extra et me dire qu’il aime les gens positifs en me projetant son haleine et sa toux à la figure. Il m’explique sa vie de marcheur aux États-Unis tout en se replongeant dans le passé colonial des espagnols et insiste bien sur le fait que nous sommes en ce moment sur une terre sacrée. Je lui demande son nom, je suis Alejandro Niebes, chef du village. Super, joli prénom, mon fils s’appelle comme vous. Et là tout change, ça c’est négatif me dit-il. Pourquoi ? Parce que c’est négatif. Fin de la rencontre. Il s’adresse à présent à un groupe de jeunes en approche et leur demande un droit de passage. Pourquoi demande une jeune femme. Parce que je le dis, moi chef du village. .. Et voilà fin de la rencontre trop drôle en espérant que sa toux ne soit pas contagieuse.
Je m’adresse à présent à son fils installé dans une tente avec sa petite famille pour savoir si l’on peut retourner à Cabo par un autre chemin moins périlleux.
Il m’indique le passage. En moi-même je me dis que cela doit être là route des chevaux puisque évidemment je m’étais renseignée puis ravisée vue la somme demandée. En route voilà le passage en bois, on devrait trouver un chemin sur la droite. Hé oui, il est là et au même moment arrivent trois chevaux dont deux montés par des touristes. Je demande s’ils ont réservé pour le retour. La réponse est non, super nous voilà en possession de deux chevaux pas chers pour rentrer. Comme la chaleur est de plus en plus prononcée, Martine accepte. Bon bilan, je me fais super plaisir pendant qu’elle va serrer les fesses (surtout les jambes…) sur toutes les descentes bien raides et je peux préciser qu’elles sont indénombrables. Quelques petits galops dans cette forêt de palmiers toujours aussi magique, le bonheur quoi !
Retour à la plage, une petite marche pour acheter les ceviches moins chers et une rencontre sympa de notre voisine de serviette argentine Valentina. La journée se poursuit en mode baignade et petits poissons à admirer. Une nuit plutôt agitée dans le hamac bercées cette fois par le bruit de la mer et un vent violent et surtout très froid, enfin en ressenti. Journée suivante passée à découvrir des plages désertes, à manger et à nager et à papoter.
Jour 4
Journée mode vacances sans surprises, baignade, alternances de plages et bavardages avec Valentina. Mais vers 16H nous voilà embarquées dans un bateau qui prend rapidement l’allure d’un boat people. Nous partons en direction de Taganga mais le bateau va nous jeter sur la plage de cristal qui normalement ne possède pas d’hébergement. C’est un plan entre le vendeur de tickets et les vénézuéliens qui gèrent cette plage hautement touristique du parc. 4 argentins sont également de la partie. Le vent de plus en plus violent rend l’embarquement épique et dès que nous quittons la zone protégée de la baie, des vagues de plus de 2m50 transforment cette mini croisière en une épreuve de résistance entre nous et les chaos provoqués par les envolées du bateau. Le départ en surf sur une distance vraisemblablement trop près des rochers n’a fait rire que moi mais a détendu les passagers désormais trempés par les débordements des vagues déchaînées. Et évidemment tout le monde garde en mémoire la panne moteur qui heureusement s’est produite dans la zone protégée. Quelques 40 longues minutes plus tard, nous voilà tous les six débarqués sur la plage de cristal à présent désertée de tous ses touristes.
Accueillis chaleureusement et après cette aventure commune, nous sympathisons immédiatement avec nos deux couples d’argentins.
Otages de l’endroit nous dînons à un tarif inhabituel mais quel service. Nous sommes désormais rassurées sur le plan budgétaire car l’on peut payer demain quand on aura rejoint la ville. Nous sommes tous les six face à la mer avec bières fraîches et d’excellents plats cuisinés à rire et à profiter de cette chance d’être là. Un des restaurants de la plage se transforme en dortoir de hamac pour passer la nuit. A présent nous installons le nôtre en moins de cinq minutes. Une excellente soirée à jouer au dés tout en buvant mon aguardiente de campagne nous fait nous coucher bien plus tard que d’habitude. A peine sommes nous dans nos hamacs que le vent se remet à souffler dans un éclat de rire général à l’idée de voir s’envoler les tôles qui servent de toit et qui semblent claquer dangereusement.
Jour 5
Mais non au petit matin tout est en ordre. Un petit café face à la mer et un pliage rapide du campement improvisé avant l’arrivée des touristes. 8h30, nous avons réservé une table sous un magnifique arbre sur lequel flottent désormais nos hamacs prêts pour la sieste. Les bateaux de touristes qui partent de la côte à moins de cinq minutes de traversée commencent leur ballet. Des familles entières se déversent vers cette plage qui va, tout comme l’ensemble du parc, fermer pour un mois à partir de ce soir pour un nettoyage spirituel des lieux. Impossible de randonner dans le coin dixit nos hôtes car une famille de guépards habite le quartier et la jeune mère se promène avec deux tout petits. Dommage du coup c’est plage, baignade et casse croûte avec nos quatre compagnons au son de la musique de la famille d’à côté qui va rythmer la journée. 15h30, la plage se vide, à 17H le parc ferme ses portes et hormis les indiens tout le monde doit avoir quitter les lieux. Nos amis embarquent pour la plage d’à côté afin de prendre le bus et nous, on attend notre radeau de la méduse puisque nous avons déjà payé. Bonne surprise on a juste assez d’argent pour régler la note donc pas besoin de payer en carte. Il nous reste juste de quoi payer le bus de ville et une bouteille d’eau. A présent hormis les travailleurs de la plage qui finissent de boucler nous sommes les seules touristes du coin. 4h20 notre embarcation n’apparaît toujours pas. Notre jeune hôte vénézuélien vient nous voir et nous dit qu’aujourd’hui avec l’état de la mer aucun bateau ne va sortir à l’extérieur. Bonne nouvelle pour Martine qui appréhendait cette nouvelle sortie d’une demi-heure environ pour Taganga. Mais oui, et comment fait-on sans argent pour aller à la plage d’en face et prendre le bus pour Santa Marta ? Pas de problème notre super Pedro va nous y conduire et nous confier à son père qui conduit le bus. Je lui donne mon ticket afin qu’il puisse récupérer l’argent que nous avons déjà versé et nous voilà dans le vieux bus touristique à assurer le ramassage des derniers travailleurs du parc. C’est donc dans une ambiance chaleureuse avec la musique à fond que nous allons sortir les dernières du parc. A l’entrée de la ville nous prenons un bus pas cher pour rejoindre notre hébergement. Et c’est en mode plage que nous traversons les rues animées de Santa Marta où la nuit est déjà tombée. Une douche bien méritée et nous retrouvons nos argentins pour une sortie nocturne.
Notre périple Parc de Tayrona se termine avec d’excellents souvenirs et de bon coups de soleil. A demain !
Zoli zoli
Bravo magnifique. Gros bisous à vous deux
Oh ! je retiens surtout que Martine est remontée à cheval (elle a fait de la mûle aussi non il y a quelques temps… ? Tout ça me paraît paradisiaque mais j’espère bien que tu prends bien soin de ta santé Martine !
J’ai lu le blabla mais il faudra que je revienne voir les photos-vidéos par contre ! Merci Isa pour tous tes récits si enchateurs 🙂
Gros bisous mes Cocotes, bonne continuation <3