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« Rodafez » Iran

Après une matinée à déambuler dans une petite partie du bazar, à répondre aux sourires et aux éternelles questions nous passons en mode farniente au soleil. A l’hôtel nous cotoyons de nombreux iraniens voyageurs. France ? Paris ? C’est beau Paris mais c’est sale. Mais la tour effel, le moulin rouge ou le Llido c’est formidable et ils font l’unanimité. 

Nous sommes à présent dans le bus qui nous conduit directement à l’aéroport de Téhéran où notre série d’attentes va commencer. 5h ici puis 7h d’attente complémentaire à Istanbul.  Si notre dernier avion est à l’heure nous sautons dans le dernier train de demain pour la Bretagne. 

Je profite de la magie des derniers rayons du soleil qui caresse ce désert de cailloux comme le nomme Martine et je trouve ça beau. On est au milieu de nulle part et l’apparition soudaine de caravansérails ou de villages me fascine. 

Nous avons eu la chance de rencontrer des gens extraordinaires, de partager de vrais moments de vie, de rire aux éclats, de danser, de plaisanter mais c’est avec plaisir que je rentre en France. 

Je vous conseille de prendre le temps de visiter ce pays et de rencontrer ces gens qui font preuve d’un sens de l’accueil et d’hospitalité exceptionnel . On se sent en sécurité partout et à chaque coin de rue vous trouvez quelqu’un prêt à vous aider dans vos déplacements. Les architectes qui ont œuvré au cours des siècles dans ce pays ont fait preuve d’un talent inégalé et d’une ingéniosité remarquable. Les infrastructures sont de grandes qualités, les bus vip ultra confortables et pas chers et si vous aimez le shopping en dehors des bazars de grands centres commerciaux font de plus en plus d’apparition.

Si vous n’êtes pas accompagné d’un iranien vous ne remarquez même pas la police religieuse en quête de l’absence d’un foulard ou d’un couple illégitime. 

Mais vraiment je suis heureuse de retrouver le droit français. Car derrière  le foulard, devenu d’ailleurs plus un accessoire de mode pour une majorité de femmes se cache trop d’interdictions pour les femmes. En cas de divorce, pas de garde d’enfants sauf si  cela arrange l’ex-mari, pas le droit de travailler dans sa propre affaire sans mari, père ou frère derrière soi, pas de vélo et pas de conduite de deux roues, pas de stades, pas de boîte de nuit, pas de le droit de quitter la famille sans autorisation…  En revanche on sent que ce peuple est victime de cette révolution gâchée par ce  Khomeiny qu’on nous reproche d’ailleurs d’avoir aidé à prendre le pouvoir. Par la population la femme est respectée et mis à part quelques fous furieux de religion on est bien ici dans un islam Perse respectueux et modéré. Une bonne majorité des gens que nous avons côtoyés sont athés et aspirent à quitter le pays. Ce n’est pas chose aisée sans argent. Car pour obtenir ne serait-ce qu’un visa touristique pour quitter le pays vous devez justifier d’une somme d’argent conséquentes sur votre compte en banque qui sera bloqué en cas de non retour. Et si vous êtes un garçon et que votre service militaire n’est pas encore effectué un entretien poussé sur votre motivation de voyage et vos projets futurs sera effectué au préalable de la délivrance de la sortie du territoire.

Le bus vient de nous permettre de faire une pause dîner pour nous, prière pour d’autres ou regarder l’écran géant extérieur qui diffuse un jeu télé très en vogue ici. 

Un dernier point sur les incohérences du pays. On avait le mariage temporaire et on a observé le comportement des taxis qui, police ou pas, empruntent les sens interdits avec aisance, Hier le nôtre a  même devant un policier heuter une femme avec son rétroviseur mais comme il avait klaxonné avant cela n’a pas eu l’air de le déranger. Bon c’était une femme voilée en mode chauve souris et je crois que ce chauffeur fait partie de ceux qui ne les aiment pas car elles incarnent cette théocratie qui précise que le noir c’est mieux mais ne l’impose pas. Et bien souvent chauve souris égale misère sociale et pauvreté intellectuelle. 

Voilà ceci est mon dernier post sur ce mois passé en Iran.  Vous êtes un peu plus de 300 à avoir suivi ce voyage et je vous remercie de votre fidélité. J’espère vous retrouver bientôt pour de nouvelles aventures. Pour les bretons à mercredi ! 

 

 

Ispahan

Il paraît q’un voyage en Iran ne serait pas un véritable voyage sans une halte à Ispahan qui abrite plus de 2500 ans de civilisation, nous l’avons donc élue comme dernière étape. De par son histoire féconde, elle abonde en richesses culturelles et artistiques de toutes sortes. Elle est surnommée la « Moitié du Monde » (nesf-e jahân, qui rime avec « Ispahan » ou « Esfahân », en persan). L’arrivée à Ispahan aurait pu donner  l’impression de se retrouver devant un nouvel espace, à la vois vaste, original, et diversifié. Mais pour nous point de promenade le long du fleuve Zayandeh-roud. Les siècles d’histoires que murmurait ce fleuve se sont évaporés.  Seuls ses ponts Si-o-seh-pol et Khâdjou nous permettent d’imaginer la majesté de l’endroit.

Sur la place Naghsh-e djahân (actuellement place Imam Khomeyni puisqu’il est toujours partout ), la seconde plus grande du monde, trottent en permanence des chevaux trainant des carrosses qui promènent les visiteurs d’un bout à l’autre de la place. Les familles toujours en vacances de Norooz s’installent sur l’herbe pour manger, boire un thé ou fumer la shicha. Un peu trop mouvementé pour nous surtout après avoir visité la mosquée Jamey et arpenter plus de 8km de bazar. 

Ispahan fut la capitale du roi safavide Shâh Abbâs. C’est là que se refugièrent, avec le soutien de ce même roi, un grand nombre d’arméniens fuyant les Turcs ottomans. D’où le quartier arménien où nous avons déjeuner après la visite de l’Eglise de Vânk et de son « musée » dont une partie est dédiée à l’histoire du génocide arménien. Cette pause déjeuner avec la playlist de chansons françaises qui l’accompagnait nous ramène à la réalité de la fin de ce voyage. Au programme Léo Ferré, Michel Sardou, Mireille Mathieu, Michel Le Grand… rien que pour nous faire plaisir. Arrivées dans le quartier en taxi, nous retournons à pied sur la grande place pour visiter le palais Ali Qapu et admirer la vue depuis la terrasse du dernier étage.  

Ce soir nous profitons de notre hôtel, de sa terrasse et de notre belle chambre à présent  que nous sommes surclassées.  (Dès ce matin je suis passée en mode française, notre chambre pas si bas prix que ça mais sans chauffage et sans fenêtre enfin si une lucarne haute donnant sur le couloir,  me semblait inappropriée pour la dernière nuit. Alors j’ai trouvé le mot magique j’ai demandé à la réception de changer car des hommes avaient regardé par la fenêtre hier soir, (cela aurait pu être vrai) et hop nous voilà superbement installées pour le même prix.) Au plafond de notre nouvelle chambre une flèche indique  la direction de la Mecque.

 Parmi les rencontres sympa du jour, ma préférée fut celle d’une jeune fille rebelle qui osait affronter les regards pas toujours bienveillants de la population avec sa casquette.

De mon côté je reporte le voile car je ne veux pas me retrouver à faire des lignes et des lignes en recopiant une partie du coran. Mais surtout parce que l’économie de coiffeur faite avant le départ commence à se voir ! 

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Vers Ispahan

En Iran, il est d’usage de veiller et de contribuer au bien être de toute sa famille proche. Mais encore une fois le hasard nous a mis sur la route de personnes dotées d’une vraie générosité et d’un besoin limite indécent pour notre culture de faire plaisir. Nous sommes hébergées dans une grande maison à 4 étages transformée en 4 appartements. Un pour Yasin, cloué au lit par une maladie dégénérative et qui qui nous loge. Un pour sa mère, un pour sa sœur et un pour Hossein son frère qui visiblement paie pour la famille. Bien évidemment nous sommes amenées à rencontrer toute la famille. Nous sommes reçues pour le digestif en mode thé ou café chez Hossein. Tapis persan fait main d’une finesse rare, fauteuils en cuir, livres anciens et nombreux bibelots de bon goût donnent vie à ce grand salon. Hossein, ingénieur chimiste, chef d’entreprise dans la coloration de la laine destinée à la fabrication des tapis machine, nous parle de l’économie désastreuse de son pays. Il faut dire que nous avons soigneusement évité les fêlés de la religion et que nous n’avons toujours pas rencontré d’adeptes du régime Iranien. Le danger de ce système c’est que intellectuels et chercheurs ont déjà une première fois quitté le pays et que la nouvelle génération instruite n’aspire qu’à en faire de même. En l’occurrence leur fils encore adolescent n’a déjà qu’un seul projet, celui de vivre en Suisse. Évidemment la discussion est entrecoupée de thé, de friandises et de graines. On craque sur une nouveauté, spécialité de cette ville, à base de sucre et de pistaches et le lendemain matin Hossein arrive chez son frère chargé de boîtes en cadeau pour nous. Au revoir à la famille et nous prenons la route d’Ispahan située à une cinquantaine de kilomètres. En chemin je repère une ruine de caravansérail, je commence mes photos par la fenêtre et Yaghob quitte l’autoroute par la lande qui borde celle-ci pour pouvoir récupérer le petit chemin qui y conduit. A présent nous sommes visibles de la route et repérables en tant qu étrangères puisque je ne porte toujours pas mon foulard. Et hop, arrive un 4×4 avec à bord un couple et leur jeune garçon qui viennent de dévier leur route uniquement pour nous saluer. Ils sont de Zanjan, ville spécialisée dans la fabrication artisanale de couteaux. Le crochet prévu le temps d’une photo va durer une heure. Le nouvel arrivant va parler moteur, le propriétaire des lieux va également s’arrêter pour expliquer comment il lui est impossible de restaurer ce caravansérail sans être d’une certaine manière pris en otage par les Mollahs.  (Lourdes taxes, création mosquée…) Et nous allons quitter les lieux avec en cadeau deux magnifiques couteaux de cuisine de Zanjan. 

Isfahan en vue, direction notre hôtel plutôt cher et sans intérêt mais nous voilà à la ville… On choisit de passer la journée ensemble et de ne se quitter que ce soir. Des touristes iraniens encore en vacances de Norooz déambulent de toute part. Notre envie de prendre de l’air nous conduit à nous diriger vers les ponts de la ville pour longer la rivière. Objectif le pont à vannes nommé Khadju  qui permet de créer des réserves d’eau. Ah mais où est la passer la rivière Zayandeh-rud ? Bon depuis plus de deux ans les bateaux attendent son retour. On a quand même pas de chance de se retrouver sans cesse sous la pluie dans ce pays qui se désertifie de plus en plus.