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Carnet de route Guyane

Retour chez Sébastien

5h30 du matin j’entends les collégiens rejoindre leur pirogue scolaire dans la nuit. 7h c’est le tour des primaires d’embarquer. 7h30, les femmes défilent une bassine remplie de casseroles et d’assiettes sur la tête pour rejoindre le fleuve qui prend à présent son rôle de lave vaisselle. Dans le même temps des hommes quittent le village un filet de pêche sous le bras ou prennent la direction de la jungle armés d’un fusil. Pour nous c’est petit déjeuner tranquille face au fleuve pendant que Dylan lave la vaisselle. C’est avec regret que nous quittons ce petit village Loni Kampu et ses toilettes sauvages en compagnie des morphos. Nous nous dirigeons vers Gran Santi, la petite ville de cette partie du Maroni. Au programme restaurant, visite et marche à pied. Nous voilà accostés, un masque à la main puisque c’est obligatoire. Un premier coup d’œil sur la population du village donne l’ambiance. Les masques sont portés en version collier et les gens se parlent limite collé serré. Nous nous regardons et ,d’un commun accord, nous larguons les amarres. Ce sera donc un pique-nique sur le bord du fleuve avec un repas acheté chez un chinois surinamais. Pas de variante sur le contenu riz, poulet et haricots rouges si ce n’n’est la petite compotée d’aubergines. Toujours bredouilles sur les pépites, nous profitons de la berge pour ressentir l’ambiance du fleuve différemment et nous mettre à l’ombre. Les pirogues de transports défilent avec leurs chargement d’essence, de véhicules, d’écoliers ou de types à la mine patibulaire, Alors, comme on ne sait jamais sur qui on tombe le mieux est d’éviter les photos. Au moment de quitter la berge je m’aperçois que Dylan a abandonné sur le sable sa boîte de déjeuner. Je lui colle une avoinée rythmée par les rires de Simona qui était certain de ma réaction. Du coup j’apprendrai par la suite qu’ils m’ont baptisé entre eux « Faya Tanteu » en takitaki c’est un truc du genre la tante qui déménage. Bon je ne vois vraiment pas pourquoi !!! Alors que nous sommes à nouveau dans une succession de rapides (nommés les sauts), Dylan se lève sur la pirogue en panique. Il pense avoir oublié son téléphone chez le chinois à 3h de navigation d’ici. Ouh lala Simona, toujours empreint d’un calme olympien, le recadre en takitaki pour le faire se rasseoir. Nous avons tous pensé qu’il allait passer par-dessus bord. Martine qui a toujours l’œil se rappelle qu’il était sorti avec un sac de course et oui le téléphone est à l’intérieur. Ouff le voilà à présent en éclat de rire. Le téléphone sonne, un de nos équipiers se décompose un drame familial vient d’arriver. Changement de programme nous regagnons la maison de Sébastien ce soir.
L’épopée pirogue prend du coup fin ce soir. Pour Martine et moi-même c’est le flou artistique concernant le mode de déplacement que nous allons prendre pour éviter de se contaminer au corona. Nous ne pouvons plus envisager de nous faire tester dans cette partie de la Guyane puisque le laboratoire d’analyse de Saint Laurent du Maroni en panne depuis une semaine doit rattraper son retard et n’est pas en mesure d’analyser un test en 24h. Pour le moment nous devons annuler nos vols pour la Guadeloupe et attendre d’être dans une zone avec test avant d’envisager un avion de retour en France.
Merci de nous avoir suivi sur un exceptionnel micro voyage d’aventuretdm.com. Même si cette covid a perturbé nos visites et rencontres cette balade fluviale nous a transposées dans un autre univers et c’est toujours plus riches de compréhension du monde que nous revenons à notre réalité moderne.
A très vite j’espère,
Prenez soin de vous,
Isabelle et Martine

Direction le Lawa

L’ambiance fleuve est au top, Dylan se délure totalement et Simona se trahit à plusieurs reprises, il comprend le français. Excellente soirée, pas d’attaque de bêtes, nous quittons le Tapanahony au petit matin en pleine forme. Direction le saut de la mort sur le Lawa. En chemin nous stoppons évidemment chez le chinois mais dans un village avec restaurant. Il a suffi que l’on disparaisse cinq minutes le temps de trouver des ”toilettes” que les garçons étaient déjà encerclés par quatre dominicaines. Hop, hop, hop, à table tout le monde ! Un excellent déjeuner et en pirogue. Le Lawa est magnifique. De gros rapides, des roches et des arbres qui surgissent de l’eau, de la jungle qui absorbe la rivière en bref un paysage sauvage magnifique. Nous ne sommes pas à l’époque des perroquets mais c’est sur cette partie du fleuve que nous avons côtoyé nos plus beaux oiseaux. Car hormis les chauve-souris , les fourmis géantes rouges, jaunes ou noires, des papillons et quelques singes capucins nous n’avons pas croisé grand monde le long du fleuve.
Une bonne baignade à proximité des rapides, une énième tentative de repérer des paillettes d’or infructueuse et nous redescendons jusqu’au kampu Loni. Visiblement je suis plus douée à la palourde qu’à la pépite. Une pluie bien tropicale nous rince des pieds à la tête, les capes de pluie font baignoire. Il est temps de trouver un carbet pour nous accueillir, Simona nous gère les rapides dans cette purée de poids d’une main de maître. Ah un petit kampu plein de charme côté français nous apparaît. Simona a un cousin qui y habite. Il va demander et évidemment le village nous accorde son hospitalité. Il dépêche une cocotte de treize ans qui a appris le français à l’école pour nous accueillir. C’est une sacrée minette qui se charge de nettoyer le carbet un peu en mode décharge avant notre arrivée, ses 12 frères et sœurs sont là également pour nous observer. Nous installons nos hamacs tandis que les garçons retraversent le fleuve pour acheter l’apéro du soir et des bonbons pour la tribu chez le chinois d’en face, au Suriname donc. La distribution des bonbons fut une vraie partie de rigolade. Le bouche à oreille a fonctionné pour prévenir que les blancs avaient des friandises et à tour de rôle tous les petits nous ont visités. La nuit commence à poindre et avec elle le rituel du village. Les hommes d’un côté et les femmes et enfants de l’autre se rendent au fleuve pour la toilette. Ensuite plus personne en vue, chacun regagne ses pénates. Et pour nous commence le rituel ti punch suivi du dîner toujours préparé par notre excellent cuisinier Sébastien. Belle soirée et comme les toilettes ici c’est la jungle cela évite à Dominique de s’étaler sur le carrelage des sanitaires comme ce matin !

Tapanahony Suriname

Quelques petites fuites d’eau (sur mon œil), les hamacs tendus en version portefeuille et les excès de rhum n’ont pas eu raison de notre sommeil. Mais plus matinal que de coutume avec des intestins en vrac, nous poursuivons l’exploration du Tapanahony. Les maillots de bain s’impatientent d’atteindre les piscines naturelles en cascade et bien ils peuvent se raviser. Le village de Puketi marque la fin du Tapanahony. Le courant des sauts est impraticable à l’ensemble des pirogues et même si j’ai posé la question il n’est pas envisageable de marcher trois heures dans la jungle sans chemin pour atteindre ce point d’eau. Changement de programme, Simona et Sébastien nous négocient une pirogue taxi stationnée de l’autre côté de l’îlot de Futupasi pour atteindre Drietabbetje. C’est le village de référence des ndjukas, nation businenge parmi les six existantes. C’est là que loge le Gran Man c’est-à-dire l’homme qui détient l’autorité coutumière suprême de cette nation. On nous avait annoncé une traversée à pied d’une demi-heure, super à défaut de natation nous allons faire un peu de marche à pied et bien c’est comme les horaires. En moins de 5 minutes nous sommes avec notre nouveau piroguier de l’expédition ndjukas de l’autre côté. Sa pirogue est deux fois plus longue que la nôtre et le moteur trois fois plus puissant. Et bien rien de tout ça n’était de trop vue la configuration de la rivière et la somme de passage difficiles .
C’était juste génial sauf quand l’eau passait par dessus bord et inondait nos chaussettes. Car sur mes conseils nous avions les chaussures de marche. Certes, avec le recul les baskets d’eau auraient fait l’affaire. Je ne trouve pas les mots pour décrire ce bras de rivière plus étroit avec deci delà des scènes de vie, des sourires et des habitations fondues dans la jungle. Un ressenti général de sérénité confère à cet endroit une atmosphère paisible et saine. Ici point d’orpailleurs, de migrants ou de prostitution, juste des familles qui vivent tout simplement en harmonie. Une fois au village de l’îlot principal il a fallu montrer patte blanche et demander l’autorisation au Gran Man de pouvoir y pénétrer et de pouvoir faire une escale au chantier naval. Le Gran Man absent, c’est son bras droit qui nous l’accorde. La pluie battante va écourter notre visite mais j’ai volé quelques photos des endroits déserts. Nous revoilà à bord de notre pirogue volante, les sensations sont extras et tant pis pour les chaussures même si rien ne sèche ici. Sur le retour de Futupasi (la randonnée de 5 minutes) un quad flambant neuf vient d’être déchargé pour rejoindre un site d’orpaillage clandestin. Sébastien me prévient : « surtout pas de photos des clandestins ! », trop tard c’était fait. On amorce notre descente de Tapanahony à la recherche d’un hébergement. Le carbet touristique n’existe plus , il est cassé. J’avais, à l’aller, repéré un kampu sympa, Simona pose la question au propriétaire qui accepte volontiers de nous le mettre à disposition. Génial, nous voilà superbement bien installés et même pas nécessaire d’aller au toilette dans la jungle. Le seul hic c’est qu’au grand désespoir de Dylan qui voulait nous installer au village de Puketi, c’est encore un soir sans électricité. Si demain ça recommence nos batteries de recharge seront également vides alors photos et blog peuvent s’interrompre. Petite soirée sympa mais légèrement décousue avec les siestes décalées de Dylan, Dominique et Martine mais du coup bavardages assurés de hamac à hamac.

Point covid : En même temps que nous apprenons que le taux de covid explose en Guyane des centaines de personnes défilaient aujourd’hui dans la bonne humeur pour le carnaval à Cayenne ! Mais, qui dit pas plus de 6 ? En attendant grâce à ce comportement guyanais nous ne pouvons plus gagner la Guadeloupe le 23 janvier.