Une nuit en bus qui, malgré les chaos sur la route qui nous faisaient décoller du siège, m’est apparue comme la meilleure depuis notre départ de Paris. Hé oui 6 heures de sommeil, le grand luxe !
Nous avions nos indications pour le changement de bus mais nous avons trouvé le moyen de nous tromper d’arrêt, alors en avant pour la recherche de bus local pour le demi tour pour finalement trouver le bon. Une petite demie heure de rickchaw et le lieu de notre cure nous apparaît. Accueillies chaleureusement par les deux docteurs du lieu et Prakash qui nous avait donné les informations dans l’avion sur le centre, nous commençons le tour de l’endroit. 3 bâtisses très propres se hissent au milieu des bananiers, cocotiers, manguiers, poivriers, arbres à betels et j’en passe.
Autour, la jungle recèle des singes et oiseaux en tout genre qui s’avèreront difficiles à photographier. Un oiseau étant toujours tel un mirador prêt à donner l’alarme de votre présence pour déclencher un départ précipité de tous les habitants.
Le centre ayurvédique se compose du couple de médecins, les parents de Rajesh (le doc), Vijay l’homme à tout faire, trois jeunes masseuses, deux femmes d’une force et d’une capacité de travail impressionnantes et d’une femme de ménage qui passe son temps à vous regarder avec un sourire ébahi comme si elle découvrait des extraterrestres. Rapidement, je repère que pour continuer à braver les interdits, 5 km de marche vont m’être nécessaires pour me ravitailler en cigarettes, pas grave, il n’y a que cela à faire.
Le soir de notre arrivée, deux indiens sont en cure et une autre française Shobana, (ici la majorité des occidentaux portent un nom indien donné par leur maître spirituel) va nous rejoindre. Il s’agit d’un petit bout de femme de 71 ans, rayonnante de savoir et brillante de son soleil marseillais qui va me réjouir durant tout le séjour avec ses « fan de pieds » déclenchés à chaque nouvel posologie médicale. Un régal !
Pour la petite histoire, Martine va découvrir au moment de son départ que Prakash (Patrick) s’avère être le frère de la femme de son ex beau frère qui vit au canada. Confirmation que le monde est petit !
Pour parfaire la présentation de notre environnement, Daniel et Martine (sa femme) vont venir remplacer les deux indiens le soir du 31 et du coup rendre l’endroit totalement francophone.
Le centre
Ici toutes les herbes, plantes et épices sont « maison ». Même le riz est issu de leur plantation.
Deux vaches vivent également au centre pour nous fournir l’espèce de lassi liquide que nous allons boire à chaque repas et le gui (beurre clarifié) qui va servir de base aux potions infâmes que nous allons engloutir en apnée !
L’ambiance est au zen et tous les matins une séance de yoga nous attend au réveil à 6H15 pétante. Les asanas prévus pour débutant me conviennent mais je continue à avoir du mal avec la musique sensée rendre zen qui me stresse les oreilles toute la journée.
Toute la famille se serre les coudes pour surveiller mes déplacements tabagiques et contrôle mon alimentation pendant mes périodes de diète. Où tel Obélix avec sa potion magique, je tente et retente de passer mon assiette pour un chappatti ou un peu de sauce pour accompagner mon riz !
Cela les amuse beaucoup et moi, pas toujours. Un soir j’ai tellement fait du museau devant mon riz
que du coup pour le lendemain matin j’ai gagné un excellent petit déjeuner à base de mango (petit haricot) à la noix de coco. Martine qui, la veille n’avait pas eu ce traitement de faveur, a trouvé que c’était injuste de récompenser les grognons. (en faite , elle a dit chieurs mais c’est pas beau)
La cure :
A notre arrivée une consultation médicale a lieu, il s’agit d’une prise de pouls qui indique nos doshas. L’ayurvéda distingue 3 types de doshas (constitution de base ou humeur) qui sont le pitta (feu, eau, énergie motrice), le vata (air, espace, le mouvement) et le kapha (terre, eau, la stabilité). Quand les trois humeurs sont présentes et en équilibre, c’est l’état de santé.
Cette prise de pouls détermine également des points de santé critique et on ne comprend pas pourquoi mais immédiatement le verdict tombe ! Nous sommes en sur-excès de toxines. Cela signifie le début de la diète.
Et c’est parti pour une alternance de soin, massage à l’huile à quatre mains (abhyanga) suivi d’un hammam (svedana) de fabrication artisanal mais efficace.
Application de potlis (petits sacs de toile chauffés qui contiennent des herbes) sur tout le corps, prise de gui (smehana, beurre clarifié) souvent mélangé à des herbes infâmes au goût et surtout suivi d’un jeûne jusqu’au dîner. Et une potion laxative suivi d’une diète plus dure avec pour dîner une simple bouillie de gruau. Martine a eu deux jours comme ça et moi j’en ai gagné trois ! Le lendemain de ces deux ou trois jours riz, riz et riz, enfin c’est là que j’ai eu le droit à mes petits haricot à la noix de coco.
En dehors de ces périodes d’austérité, les repas végétarien sont excellents. Chappattis et dosas se mêlent aux différentes saveurs des légumes épicés (toujours trois sortes), du riz qui s’impose et d’une petite soupe qui révèle à chaque gorgée des goûts d’un mélange d’herbes pour la plupart inconnu à notre palais. Une chose est sûre on ne meurt pas de faim.
A présent que nous sommes « détoxifiées », Martine bénéficie de massages à l’huile toujours à quatre mains et moi on m’a collé au Shirodhara (écoulement d’huile chaude sur le front en mouvement de va et vient pendant une demi-heure avec la musique « zen » dans les oreilles. Il paraît que c’est excellent pour le mental ! Il va bien mon mental ! Alors ce matin j’ai demandé qu’ils prennent en charge mes tendinites des talons d’Achille à la place. Le docteur s’est marré et a dit d’accord.
Traitement tendinite, enfin début du traitement seulement puisqu’une inflammation sévère suite à une mini course à pied va interrompre le programme. En même temps celui-ci est du genre barbare. Me voilà confiante, installée sur le lit des massages avec Rajesh (le docteur toujours plein d’humour) quand j’aperçois un marteau à la tête légèrement plus grosse qu’une épingle à tricoter en train de chauffer sur le feu. Et hop la pointe rouge de chaleur vient s’apposer sur différents point de mon talon. Voilà une séance style acupuncture qui décoiffe les neurones. A la base j’avais demandé un traitement pour les deux tendons d’Achille et là soudainement, le pied gauche semblait me suffire. Trop tard, Rajesh mon pied droit en main réitère l’opération et là hop, il stoppe net mon pied parti tout seul vers sa figure. Eclat de rire, je me remets en position et surtout en préparation mentale (comme quoi la méditation peut s’avérer être utile) et tranquillement, il peut poursuivre sa torture de talon. Moi qui suis très sensible aux brûlures, je dois avouer que les rondelles d’aloe vera que j’ai glissées sous mon pied ont été très efficaces pour stopper la douleur.
Voilà, nous sommes deux jours plus tard et à défaut de nouvelles brûlures, mon pied est enduit d’une pate à base de plantes anti inflammatoires et emballé dans des feuilles. A suivre…
Les cinq derniers jours de cure en dehors de l’épisode tendinite ont pris une couleur de vacances relaxes. Yoga à 6H du matin, massage à l’huile à quatre main, potlis, petits plats, cours de qi gong tibétain gracieusement offert par Martine, une co-curiste, découvertes botaniques, visite des alentours et méditation pour dormir. Pour la partie Qi Gong, nous éprouvons toujours du mal à attraper le Qi dans nos main ! (Qi = boule d’énergie’ se prononce « shi »). Ah, j’oubliais, Martine, elle, a eu droit aux lavements et deux Bastis, deux, moi cela m’amuse beaucoup !
Baignade à la plage tout habillée bien sûr !
Visite du Dharma Peetha de Sri Tathata
Rassurez-vous malgré l’équipe de pure et dur qui nous a entouré au centre de cure, nous n’avons pas adhéré à la secte !
Baignade en rivière avec le maillot de bain cette fois car hormis notre ami Vijay, personne