Entre tasses de thé, pain local, confiture de carottes, fromage, œuf, tomate, pomme de terre, soupe aux lentilles et bavardage, c’est avec une heure de retard sur celle prévue que nous prenons la route. Rapidement je prends conscience qu’Ali ne battra pas de record de vitesse. Nous abandonnons la visite du jardin pour cause météorologiques et nous nous dirigeons vers Abyaneh. Vieux village de 2500 ans niché au pied du Mont Karkas (3899 mètres) et reconnu par l’Unesco pour son histoire et ses caractéristiques architecturales. Varzaneh est composé de maisons de briques et de terre tournées vers l’est. La plupart des toits correspondent à la terrasse du voisin du dessus.
Nous avancions déjà en prenant le temps de saluer les voitures qui doublaient mais voilà la neige qui s’invite au voyage. Ah ! c’est sûr Abyaneh ce n’est pas de suite. De part et d’autre de la route de petites collines se couvrent de neige masquant ainsi leur austérité. Nous repérons les petites cavernes taillées dans la montagne. Ce sont des abris anti loups pour les moutons. Des ours bruns sont également locataires des lieux. Voilà la terre rouge qui surgit, village en vue. Visite des lieux et agréable rencontres sous un porche de Weronica et Sergio de retour de leur virée dans le désert.
Achat à une habitante de pommes et d’abricots séchés maison, une grimpette dans le village en prenant soin de ne pas glisser et direction Natanz pour voir le mausolée accolé à une mosquée ce qui semble t-il est assez rare. Je viens de m’apercevoir que je n’ai même pas une photo de l’ensemble.
A présent sous un brouillard tenace, nous quittons Natanz pour rallier l’autoroute, Ali ne semble pas très à l’aise avec les conditions météorologiques. Je lui propose à plusieurs reprises, taroof oblige, de le remplacer mais sans succès. Je le vois hésiter sur l’entrée de l’autoroute. A la première bretelle de sortie il réalise son erreur, son temps de réaction étant son temps de réaction, il passe la sortie et s’arrête 200 mètres plus loin. Là commence une marche arrière version « paresseux, dans zootopia » et on réalise que la voiture se situe précisément au milieu de la trois voies les bloquant ainsi toutes en plein brouillard. Snutt pouettettttt … appel de phare rythmant le klaxon du camion qui se dirige sur moi, juste le temps de dire à Martine « on se le prend !!! » un coup d’œil qui constate que rien au bouge côté conducteur, la prise de conscience que la chance est peut-être partie… et le chauffeur du poids lourd parvient à nous éviter in extrémis par la bande d’arrêt d’urgence ! Ouffff, mais le sport continue, nous nous faisons raser de toute part jusqu’à ce que je dise à Ali de reprendre la marche avant et tant pis nous sommes quittes pour un détour 45 kilomètres mais en vie. Une escale dans une station service pour permettre à Ali de boire son café et direction Isfahan. Les monts du Zagros central accompagnent majestueusement ces derniers kilomètres vers la gare routière Jay de la ville. Oui nous avons décidé de laisser rentrer Ali dans sa maison à Isfahan et de poursuivre en bus.
Une heure d’attente et le bus pour Varzaneh démarre avec la nuit tombante ce qui invalide toutes tentatives d’admirer, voire de photographier le paysage.
8h30 et Mohammad qui nous a convié dans sa guesthouse nous invite à nous joindre au groupe de ses clients pour dîner. Très chouette ambiance avec de belles personnes. Mohammad Cina prend plaisir à échanger avec tous et dans son regard bienveillant se lit toute sa générosité.
Demain ? On verra demain !
Point autobus
Seul les autobus publics sont compartimentés hommes femmes il paraît que c’est religieux. Et, quand je pose la question, alors pourquoi pas ailleurs, pas de réponse ?
Point travail
En Iran c’est 10% de chômage officiel mais la population dit que c’est beaucoup plus. Les jeunes sont particulièrement touchés. Ça me rappelle un pays ça !
Point situation politique
Les intellectuels et une majorité de la classe moyenne sont contre la situation actuelle mais les plus pauvres voire les plus nombreux sont souvent les plus religieux qui soutiennent la théocratie.
Point terroristes
Non seulement Ali soutien qu’il n’y en a pas dans son pays mais précise qu’ils sont contre Daesh. Ce qui se conçoit aisément car les iraniens sont Chiites et l’équipe Daesh est sunnite. De plus il déplore cet amalgame des étrangers qui confondent syriens, irakiens, Daesh, afghans et iraniens.
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