Minab, ville sans intérêt, chaleur mais temps couvert et pluie, mais pourtant cette étape est à ce jour notre plus belle escale. Entre confidences, bienveillance, qualité d’accueil et de partage de Hossein, ses amis et sa famille nous ont offert deux jours extraordinaires.
Je retiendrai l’émouvant témoignage de Asham Instituteur depuis 4 ans, il haït encore les enseignants qui lui ont menti sur l’ayatollah Khomeiny. Et à son tour, avec de l’émotion dans la voix, il nous raconte qu’il sait ce que penseront de lui plus tard ses élèves lorsqu’il leur présente ce dictateur responsable de tant de crimes et d’emprisonnement comme un homme bon et le plus grand ayatollah qui puisse exister. Il nous parle de la confusion de ses élèves lorsqu’il explique l’évolution humaine et qu’en même temps il certifie comme lui demande le régime que nous sommes issus d’Adam et Êve.
Petite interruption, je vous écris du bus qui nous conduit à Shiraz, il est une heure du matin, nous sommes sur une zone de contrôle dans un capharnaüm indescriptible de camion. Le chauffeur descend. J’en profite pour faire de même et fumer une cigarette. Le chauffeur revient avec deux policiers dont un gradé. Il me demande d’éteindre ma cigarette en me disant que c’est interdit, police, police précise-t-il en me montrant le gradé. Celui affiche une bonne tête comme notre général de Qeshm. Du coup avec un grand sourire je lui dis non. Je gagne en retour un sourire policier qui me demande d’où je viens. Et le mot France semble convenir. Comme quoi si l’on n’avait pas tous ces témoignages on pourrait se croire en démocratie.
Pour en revenir à cette qualité d’accueil un repas à base de poissons en spécialité locale nous a été offert ce midi. Impossible de participer à quoi que ce soit. Et ce n’est pas faute d’avoir essayé. Nous avons été baladées un peu partout tout au long de la journée, revu asham et fait la connaissance de deux jeunes allemands également logés dans une famille. La sœur de Sabaz (maman de Hossein) venue voir sa sœur pour un plan couleur de cheveux s’est mise en cuisine afin que l’on déguste le nam toumouchi, un pain spécial style crêpes locales. Il y avait tant de générosité dans cette préparation que je n’ai pu que la déguster avec le sourire en faisant abstraction de la garniture à base d’huile de poisson. Du coup j’ai du en manger une deuxième mais j’ai réussi à éviter la suivante.
Parmi les incohérences de ce régime nous avons les satellites interdits mais bien en vue sur quasiment tous les toits. L’interdiction de jouer aux cartes alors que tous les autres jeux sont permis. Du coup en riant hossein nous conte qu’au même titre que l’alcool, les cartes sont vendues au marché noir. Qu’un homme s’approche de votre oreille et chuchote, j’ai des cartes, j’ai des cartes comme si cela était de l’opium. Pour la consommation d’alcool, un groupe de ses amis un peu trop bruyant après avoir bu a été dénoncé la semaine dernière par des voisins intégristes. Une chance il n’avait pas de distillerie dans le domicile. Mais chaque consommateur a reçu 16 coups de fouet.
Informations Norouz
La tradition veut qu’à Norouz on réunisse 7 objets dont le nom commence par « sé »en persan. Herbes et poissons rouges en font partie d’où les ventes massives et les expositions de ces objets devant de nombreuses étals. Cela enchante hossein car pour lui cela sent l’approche de cette fête. Désormais élèves, étudiants et enseignants sont déjà en vacances. Ce changement d’année est également l’occasion d’acheter des vêtements neufs. D’où l’affluence au marché de ce matin qui déjà d’ordinaire déplace les habitants des villages environnants.
Fou rire dans la ville, regarde me dit-il, ils mettent un ayatollah tout neuf pour Norouz . En effet une photo de Khomeiny style 4 mètres par 3 prenait place en remplacement d’une photo dont le temps avait avalé les couleurs.
Bus : Trois heures du matin à nouveau nous stoppons devant un poste de police. Un policier monte à bord pour faire son inspection. Vue sa tête et sa posture je m’abstiens de faire la maline et je remets en place le foulard que j’avais volontairement laissé glisser.
Bon, c’est vendredi, il fait beau, et ce soir c’est punch planteur ! C’est sympa et intéressant de te lire Isa, mais à part ça c’est pas demain que j’irai en Iran !
Pas envie d’être fouettée tous les vendredis soir moi, non mais !!!!!!!!
Non même pas les fois suivantes tu vas en prison et si tu persistes c’est la liste noir ce qui signifie qu’importe ton diplôme tu es bonne pour travailler dans un boulot pourri. Bisous et bois un verre pour moi car le local c’est quand même pas terrible.
Charmant !