En Iran, il est d’usage de veiller et de contribuer au bien être de toute sa famille proche. Mais encore une fois le hasard nous a mis sur la route de personnes dotées d’une vraie générosité et d’un besoin limite indécent pour notre culture de faire plaisir. Nous sommes hébergées dans une grande maison à 4 étages transformée en 4 appartements. Un pour Yasin, cloué au lit par une maladie dégénérative et qui qui nous loge. Un pour sa mère, un pour sa sœur et un pour Hossein son frère qui visiblement paie pour la famille. Bien évidemment nous sommes amenées à rencontrer toute la famille. Nous sommes reçues pour le digestif en mode thé ou café chez Hossein. Tapis persan fait main d’une finesse rare, fauteuils en cuir, livres anciens et nombreux bibelots de bon goût donnent vie à ce grand salon. Hossein, ingénieur chimiste, chef d’entreprise dans la coloration de la laine destinée à la fabrication des tapis machine, nous parle de l’économie désastreuse de son pays. Il faut dire que nous avons soigneusement évité les fêlés de la religion et que nous n’avons toujours pas rencontré d’adeptes du régime Iranien. Le danger de ce système c’est que intellectuels et chercheurs ont déjà une première fois quitté le pays et que la nouvelle génération instruite n’aspire qu’à en faire de même. En l’occurrence leur fils encore adolescent n’a déjà qu’un seul projet, celui de vivre en Suisse. Évidemment la discussion est entrecoupée de thé, de friandises et de graines. On craque sur une nouveauté, spécialité de cette ville, à base de sucre et de pistaches et le lendemain matin Hossein arrive chez son frère chargé de boîtes en cadeau pour nous. Au revoir à la famille et nous prenons la route d’Ispahan située à une cinquantaine de kilomètres. En chemin je repère une ruine de caravansérail, je commence mes photos par la fenêtre et Yaghob quitte l’autoroute par la lande qui borde celle-ci pour pouvoir récupérer le petit chemin qui y conduit. A présent nous sommes visibles de la route et repérables en tant qu étrangères puisque je ne porte toujours pas mon foulard. Et hop, arrive un 4×4 avec à bord un couple et leur jeune garçon qui viennent de dévier leur route uniquement pour nous saluer. Ils sont de Zanjan, ville spécialisée dans la fabrication artisanale de couteaux. Le crochet prévu le temps d’une photo va durer une heure. Le nouvel arrivant va parler moteur, le propriétaire des lieux va également s’arrêter pour expliquer comment il lui est impossible de restaurer ce caravansérail sans être d’une certaine manière pris en otage par les Mollahs. (Lourdes taxes, création mosquée…) Et nous allons quitter les lieux avec en cadeau deux magnifiques couteaux de cuisine de Zanjan.
Isfahan en vue, direction notre hôtel plutôt cher et sans intérêt mais nous voilà à la ville… On choisit de passer la journée ensemble et de ne se quitter que ce soir. Des touristes iraniens encore en vacances de Norooz déambulent de toute part. Notre envie de prendre de l’air nous conduit à nous diriger vers les ponts de la ville pour longer la rivière. Objectif le pont à vannes nommé Khadju qui permet de créer des réserves d’eau. Ah mais où est la passer la rivière Zayandeh-rud ? Bon depuis plus de deux ans les bateaux attendent son retour. On a quand même pas de chance de se retrouver sans cesse sous la pluie dans ce pays qui se désertifie de plus en plus.
Gaffe aux couteaux dans le periple